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Masseret, une petite « ville » haute
et un lieu de passage

Cette petite agglomération dans la campagne limousine, dans les écrits lointains, n'est ni désignée par le terme de «village », ni de
« bourg », ni même de « paroisse » mais de « ville ». Ce qui interroge.

Masseret, que l'on devrait écrire Masseré, du latin mansus serenus, donne en langue occitane Mas Seren (prononciation dialectale : Machèrè), et qui signifie Mas Serein.

Sérénité des « sommets », Masseret culmine à 476 m, et même 535 du haut de sa tour, offrant une vue panoramique à 360 degrés.

Antiquité

L'intérêt d'un tel site n'avait pas échappé aux envahisseurs : aux Celtes qui le fortifient dès le premier millénaire. Masseret entre dans l'Histoire aux alentours de l'an mil ou 1100.

Antérieurement, on peut penser à une présence humaine de peuples Ligures. Les Romains, pendant les cinq siècles que dura leur domination sur la Gaule, ne négligèrent pas cette position élevée permettant de surveiller la région. L'origine du nom remonte à cette période gallo-romaine, ainsi que d'autres toponymes comme « Las Vias » ou Le camp de César.

Masseret, lieu de passage, connaîtra celui de tous les envahisseurs : Wisigoths (Vème siècle), Arabes qui assiégèrent Uzerche (VIIIème siècle), Normands (IXème siècle). La région connut les péripéties de la Guerre de 100 ans et les exactions de guerres de religion ; des massacres eurent lieu jusque dans l'église, tantôt de Catholiques (1574 -1586), tantôt de Protestants (1591).

Moyen-Âge

Mais l'histoire de Masseret n'est vraiment connue qu'aux XIème et XIIème siècles. Sur la hauteur, va se développer, autour du château fort dépendant de la Vicomté de Limoges, un bourg, fortifié lui aussi.

Au XIIIème siècle, Masseret se trouve être le « centre d'une châtellenie qui comprend tout ou partie de quinze paroisses ». Dans le régime féodal, une châtellenie, consiste en la possession d'un château et d'un fief sur lequel le suzerain, en l'occurrence les Vicomtes de Limoges, a droit de justice sur les vassaux ainsi que des droits seigneuriaux de redevances.

La présence d'une garnison ainsi que d'officiers de justice favorise la tenue de foires et la venue de marchands dont certains s'établissent à demeure. Paradoxalement, Masseret, important bourg féodal, n'est pas une paroisse. Il a été créé aux dépens d'une paroisse primitive : Salon-la-Tour et reste donc sous la tutelle de celle-ci. L'église de Masseret n'est mentionnée qu'en 1276. Son patronage de Sainte Catherine atteste sa création tardive puisque le culte de cette dernière ne s'est répandu qu'après l'époque des Croisades.

 

En 1430, le bourg fortifié se voit octroyer une Charte où il est qualifié de ville, gouvernée par quatre consuls.

À cette époque, Masseret a donc tous les attributs d'une ville, avec la présence militaire, une cour de justice, des marchands; une petite "bourgeoisie" locale se constitue.

Au XVIème et XVIIème siècles, un autre trait va distinguer Masseret des bourgs voisins : c'est l'attribution des communaux (propriétés indivises du vicomte et des habitants, comprenant pâturages, forêts) divisés en lots et devenant propriétés privées d'une soixantaine de personnes.

À la fin du XVIème, la Châtellenie est cédée par Henri IV à sa sœur, la Duchesse de Bar, qui la revend. Dès lors, Masseret n'est plus qu'un gros bourg sans aucun privilège. Elle n'est toujours pas une paroisse de plein exercice, dépend toujours de celle de Salon-la-Tour ou de la minuscule paroisse d'Aubessagne.

Vers la fin du XVIIIème, l'église est tellement délabrée que l'Evêque de Limoges menace même de l'interdire de culte.

Un signe positif pourtant : le tracé de la route royale, à partir de 1775, passe au pied de la ville et va contribuer à son désenclavement.

De la révolution à nos jours

En 1789, une délégation de six membres communs à Masseret et Salon-la-Tour est envoyée à Limoges pour préparer les États Généraux.

C'est la Révolution qui va créer les nouvelles structures administratives. Masseret fait alors partie du département de la Corrèze. D'abord rattachée au canton de Meilhards, elle le sera après la refonte de 1802, à celui d'Uzerche. Au cadastre de 1808, Masseret, réuni à Frègefond et intégrant Bobis, Les Bertranges , Las Graulas (jusqu'ici relevant de Salon) a, presque, sa configuration actuelle.

Le XIXème siècle voit Masseret mener une existence paisible et assez propice.

L'éducation va commencer à s'y répandre, plus tôt que dans les autres communes, grâce à une école mutuelle (1821). Le commerce est florissant au bourg et les foires sont une source de négoce qui prospèrera encore avec la création du chemin de fer (1891). La population atteint alors le chiffre record de 1 240 habitants.

Les pertes de la première Guerre, la grippe espagnole, l'exode rurale expliquent la chute rapide de population qui se fixera ensuite entre 600 et 700 habitants.

 

Hauts et bas d'une « petite ville rurale » traversée par toutes les vicissitudes de l'Histoire, aujourd'hui, Masseret retrouve des empreintes d'un passé ancien :

L'autoroute ouverte à la fin du XXème suit le parcours des voies anciennes Nord-Sud et renforce Masseret comme lieu de passage.

Notre région qui faisait partie de la province d'Aquitaine (Aquitania, règne des eaux) dans la période gallo-romaine, vient d'y retourner.

BIBLIOGRAPHIE :

BAILLOT d'ESTIVAUX F. : Masseré , son histoire -Chastrusse Praudel & Cie. Brive1951

PLUMEREL Ch. : Monographie de MASSERET-1952

BOURNAZEL L. : En Limousin:Le pays d'Uzerche - Ed. Lemouzi, Tulle 1987

MAURISSON-TREUIL J. : Masseret, le temps retrouvé - 1993

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